dimanche 30 janvier 2011

LA PREMIERE ET LA DERNIERE (complété le 30 mars)

Pour écrire ma page du blog, il me faut terrasser deux dragons: celui de l'informatique (nous sommes munis pour ce voyage d'un appareil Toshiba ressemblant à un petit ordinateur portable, conseillé par François, mais qui se révèle sous mes doigts agiles, très capricieux et susceptible..), et le second en la personne de JMZ: il tape sur le clavier,( qui pour lui, ne se dérobe pas), plus vite que son ombre, et j'ai depuis longtemps, déjà aux temps anciens du carnet de voyage, déclaré forfait. Bref, malgré tout, ce matin, pleine de bonne volonté, j'ai décidé de me jeter à l'eau et d'attaquer enfin cette page, d'une manière ou d'une autre! Parce que depuis deux mois que nous sommes sur la route, je voulais revenir sur quelques sujets.. Tout d'abord parler de la difficulté du voyage Bolivie Pérou, pour plusieurs raisons: En premier lieu, admettre que notre morphologie ne nous permet pas de nous fondre dans la foule, et si ce n'est pas vraiment un problème au Chili et en Argentine, ici, cela nous met dans une position de voyeur: l'exemple le plus frappant reste les marchés dont Jean Marie vous a déjà parlé plus tôt.Il a tellement l'oeil photographe que cela ne le dérange pas de mitrailler au milieu des gens. Moi, de mon coté, je déambule dans cette foule de campésinos qui nous tolèrent: c'est l'expérience la plus rude de ce voyage jusqu'à présent, parce que nous ne nous sentons pas vraiment à notre place, comme décallés au milieu de ces gens qui n'acceptent pas notre regard, préférant ignorer notre présence plutôt que de risquer de communiquer: je reparle de ces marchés qui sont pour moi l'exemple extrême de la rencontre impossible, comme cela a été le cas en de nombreuses autres occasions, au Pérou et en Bolivie. La rusticité des relations sociales ( jamais de réponses à nos bonjours et merci dans les magasins..)doit nécessairement s'expliquer!.. Peut être ce à quoi nous avons assisté dans le bus de Puno à Cuzco peut aider à la compréhension: une indienne a voulu s'assoir à sa place numerotée mais un monsieur déjà installé, son sac sur le siège de la dame, l'envoie bouler en lui disant qu'il y avait de la place ailleurs. Elle est partie sans rien ajouter, sans le regarder. Son mari et son fils était installés, eux, et n'ont pas pipé mot! Je bouillais, impuissante devant ce racisme ordinaire, construit sur 500 ans de colonialisme, de massacres et d'arbitraire. On a le sentiment que la rudesse des relations n'est que l'expression de la violence et des tensions des sociétés boliviennes et péruviennes. A Cochabamba, Julio n'était pas au rendez vous, mais nous avons retrouvé Carlos Ponce le poète, connu avec Joel et Alphonsine en 1980. Et nous avons enfin pu parler de la situation politique en Bolivie. Il est très critique par rapport à la manière de gouverner de Evo Morales. D'après lui, et d'autres plus tard qui ont fait le même constat, la période d'espoir des premiers mois a fait place à la déception: les gens se sont rendu compte que la liberté d'expression n'était toujours pas à l'ordre du jour, les mêmes procédés d'intimidation durant la deuxième campagne électorale font que la démocratie n'est peut être pas encore pour demain. A l'Alliance Française, j'ai feuilleté l'édition bolivienne du "Monde Diplomatique": Juan del Granada, ancien compagnon de route d'Evo et maire de la Paz déclare très clairement que les insultes et les intimidations envers ses adversaires ne sont pas admissibles de la part du président et de ses amis politiques. Granada a crée un nouveau parti qui s'appelle.."Movimiento sin miedo", ce qui signifie "mouvement sans peur", tout un programme qui en dit long! Je me dis que les boliviens sont peut être trop impatients, on les comprend. Qu'il faut laisser du temps à un pays mis en coupe règlée par les britanniques, les étanusiens, toutes sortes de compagnies étrangères depuis des decennies.. La Bolivie rencontrent de graves problèmes environnementaux: l'exploitation des mines de Potosi autrefois, dont on extrayait l'argent à coup de mercure, et les grands projets énergétiques dans la selva ( il y a du gaz dans le sous sol à l'est du pays, à la frontière avec le Brésil), et la raison des peuples indigènes ne pèsera pas lourd face aux intérêts économiques et financiers, même si Evo Moralès est aymara. Et puis, surprise! Cuzco..et les cusquenos! Non seulement le centre historique a été très bien conservé et valorisé, les sites archéologiques toujours plus nombreux a être défrichés,(comment les conquistadors espagnols n'ont ils pas été fascinés par ce qu'ils découvraient, ça reste un mystère pour moi. ), mais en plus les habitants sont habitués à cotoyer des gens venus d'ailleurs, depuis maintenant de nombreuses années, et cela a du les rendre plus ouverts et souriants, aimables même, et qu'est ce que ça fait du bien! Bien sûr, notre journée à Chillihuani a tempéré notre enthousiasme: Cuzco n'est pas représentatif du district et il est évident, comme le souligne Guillermo, que la solidarité est inexistante entre la ville touristique et ses zones de misère dûes à l'aridité des sols dans la sierra. En tout cas, prononcez ces mots à haute voix et goutez à la magie des sonorités quetchua: Urubamba ( Ouroubameba) Ollantaytambo ( oliantaitamebo) Tambomachay, Sacsahuaman, Andahuaylas, Pumamarka.. On aimerait tellement que le peuple quetchua se réveille comme les Mapuche, au Chili.. Pour finir, une petite note bibliographique: j'ai "emprunté", sans contrepartie, parce que je n'avais pas de livre à échanger, un bouquin qui trainait dans une chambre d'hotel: " Tristes Tropiques", Claude Lévy Strauss, pour ne pas le nommer. C'est absolument génial, je n'en dis pas plus, c'est inutile. Demain, nous laissons Yann qui nous aura hébergé à trois reprises, lui et ses compagnons, mais c'est seulement pour le retrouver dans trois jours à Lima. Il est "cafi" de boulot, et maintenant je le crois, car les trois autres sont dans le même cas, avec le même rythme de nuits raccourcies!Nous ferons une partie de la route ensemble, dans le nord du Pérou, et peut être un petit bout de l'Equateur, car il n'a qu'un mois de vacances , au lieu des deux ou trois prévus à l'origine. Merci de m'avoir lu jusque là, c'est sûrement la première et..!...................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................... Pour compléter, un texte du carnet de bord de Che Guevara, qu il avait écrit lors de son périple avec son copain, à moto à travers le continent sud américain.. "... dans les étroites ruelles du village,avec ses rues au pavement indigène et aux énormes dénivellations, ses cholas portants leurs enfants dans le dos...enfin, tant de choses typiques, on respire une atmosphère antérieure à la conquete espagnole. Mais ceux à qui nous faisons face n'appartiennent pas à la race orgueuilleuse qui s'est soulevée sans répit contre l' autorité de l'Inca et l'a obligé à entretenir une armée permanente à ses frontières, c'est une race vaincue qui nous regarde passer dans les rues du village. Leurs regards sont doux, presque craintifs et d'une complète indifférence au monde extérieur; Certains donnent l'impression de vivre parce que c'est une habitude dont ils ne peuvent se débarrasser."

1 commentaire:

  1. Coucou a vous tonton, tata, et cousin :-)
    Bon j'en profite que le chroniqueur change pour vous laisser un message ;-) J'aime à vous lire régulièrement, je vous ai installer dans mon lecteur de flux RSS pour ne pas en perdre une miette ça change entre un site de hacking et un autre d'administration de serveur ;-) .
    Donc Cécile si tu es comme le peuple egipsient et que tu es en train de prendre ta liberté "numérique" il faut aussi que tu arrives à saisir l'appareil photo, parce que nous voyons que tu as le teint hallé (je ne sais pas comment il faut pour te reconnaitre les campesinos ;-) )mais on ne sais rien de JM. Alors est ce que c'est pour pas laissé de trace sur le net? Auquel cas c'est salaud parce que tu tu y es bien sur les photos MDR ;-).
    Sur ce, je vous laisse, parce que je suis dans les choux, je déménage dans moins d'une semaine pour l'Italie (premier contrat de travail oui oui. Il veulent me faire un CDD... les cons moi qui ne voulais jamais travailler je suis pris au piège).
    Je vous fais des bisous et au plaisir de te relire tantine

    RépondreSupprimer