jeudi 27 janvier 2011

PLONGEE DANS LA TRISTE REALITE

Pas plus tard que la veille, je faisais remarquer à Cécile qu'il me semblait qu'il y avait moins de misère crue dans le pays, qu'il n'y avait plus de gens en guenilles à faire la manche aux coins des rues ... mais c'était parler un peu trop vite. Nous avions rdv avec Guillermo, jeune péruvien chargé d'appliquer des programmes d'aide émanants de diverses ONG, en particulier un projet d'école à Chillihuani, financé par la meme association auprès de laquelle nous avons un parrainage depuis plus de 30 ans, mais pour une autre action en milieu défavorisé à Lima (dont nous vous parlerons certainement lors de notre passage dans la capitale d'ici peu).
Deux heures de route, puis une heure de mauvaise piste jusqu'au village qui s'étend jusqu'à 4200 m d'altitude, 200 familles qui ne se nourrissent que de ... pommes de terre, la seule chose qui y pousse ! pas de mais, pas de fèves, pas de légumes, encore moins de fruits, sans parler de viande ou de poisson ...
Nous avons commencé notre visite par le poste de santé, 3 femmes s'y relayent 24h sur 24, 7 jours sur 7 (elles habitent Cusco mais n'y retournent que 3 jours par mois, en raison du cout du transport ...) ; une obstétricienne et deux infirmières, s'occupent des accouchements, du planning familial (mais superstition très forte en matière de contraception sans parler des Evangelistes qui s'en melent), des vaccinations, des urgences, du suivi des nourissons (tous souffrent de malnutrition, sauf parfois le premier né, tant qu'il est seul avant de devoir partager la nourriture du foyer, l'énergie de la mère ...) toutes les archives sur papier, pas la trace d'un ordinateur et pour cause : l'électricite a été installée il y a moins d'un an.
Un poste émetteur en panne, impossible de donner l'alerte en cas d'urgence, le seul téléphone public du village chez un particulier qui n'ouvre à personne dès la nuit tombée ... résultat : la semaine dernière, une jeune mère de famille est morte de complications lors d'un accouchement, faute de soins appropriés, laissant derrière elle 4 "orphelins" en bas age : l'ainé a 10 ans mais n'en parait que 6 ... le père est alcoolique... Nous avons informé la présidente de l'association de l'urgence d'une aide à apporter à cette famille. Particularité de ce centre de santé : un petit batiment avec cuisine pour accueillir les proches des hospitalisés.
Juste à coté, l'école primaire, (également financée par l'association) avec un réfectoire pour plus de 200 enfants, la cuisine avec four à pain (par roulement 3 mères de famille assistent tous les jours la cuisinière), un dortoir de 70 lits qui évite à certains enfants 3 heures de marche (aller) pour venir à l'école, un terrain de sport qui a nécessité de gros travaux de terrassement (vallée encaissée) effectués par les parents d'élèves, une bibliothèque ... Le gouvernement péruvien ne s'investit dans les dotations en matériel (livres pour les écoles, médicaments pour les centres de santé, salaires pour le personnel ...) qu'à partir du moment où l'infrastructure existe dans une communauté villageoise. Pour éviter que la scolarité ne s'arrete brutalement après le primaire, un collège vient d'etre construit (toujours l'association), les délégués des élèves nous ont remis une demande pour qu'internet y soit installé ...
et pour compléter le tout, dernier projet ambitieux en cours : un "centre de production " pour élevage de truites et de cochons d'inde (viande très prisée au Pérou) afin d'alimenter en priorité le réfectoire de l'école, de vendre les excédents, de créer quelques emplois et de former les habitants de la commune à se lancer, eux aussi, dans l'élevage pour les besoins de la famille. Guillermo soutient très fort cet objectif de formation afin qu'il serve d'exemple à d'autres. Cette communauté semble en voie d'etre tirée d'affaire, et c'est en très grande partie grace à Adriano, l'instigateur, ancien maire et actuel président des parents d'élèves du secondaire mais combien d'autres vallées reculées restent livrées à elles-memes ? les importantes retombées financières du tourisme de Cusco ne profitent nullement aux populations voisines.
Rien n'est jamais acquis dans cette région où la pauvreté est endémique ; les habitants de Chillihuani sont très reconnaissants. Nous avons bien conscience que les conditions de vie sont de plus en plus dures à mesure que l'on monte en altitude mais leurs ancètres pré-incas avaient un savoir faire énorme en matière de santé, d'éducation, d'agriculture ; leurs descendants se sont-ils dés-adaptés comme d'autres se sont a-culturés ? Il y a 500 ans on a nié leur culture et ils ne s'en sont jamais relevés ; les gouvernements successifs n'ont rien voulu faire ; à présent on ne les reconnait que pour faire venir les touristes.
(Inutile de préciser que Cécile a fortement collaboré à la rédaction de cet article, vous aurez tous remarqué un style fondamentalement différent).
Patricia la cuisinière et ses aides du jour
Guillermo avec le directeur d'école qui a fait le déplacement malgré les vacances pour nous demander ... 25 ordinateurs meme usagés
Adriano
Guillermo

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